Bivouac au Chaudron

Les 13 et 14 janvier, je suis partie en bivouac deux jours et une nuit avec Mélanie et Jérémy pour une manip’ Phylica. Le Phylica Arborea est le seul arbre indigène de l’île Amsterdam. Il n’est pas endémique car il est également présent sur une autre île de même latitude dans l’Océan Atlantique : Tristan Da Cunha. Mais les Phylicas étaient présents sur l’île avant l’arrivée des hommes, on suppose que les graines de Phylica ont été apportées à Amsterdam par le biais des albatros. Et c’était le seul arbre présent sur l’île avant que les hommes ne plantent des cyprès, des eucalyptus, des figuiers, des pommiers, des pruniers…

dscf8379Vue du chaudron depuis une plantation de Phylicas.

En 1974, un terrible incendie qui a fait le tour de l’île en deux mois a ravagé la végétation de l’île, dont les Phylicas. Seuls deux bosquets de Phylica ont résisté à l’incendie. Depuis plusieurs années maintenant, un VSC de la réserve naturelle est chargé de la restauration des populations de Phylicas. Pour notre mission, c’est Mélanie. Elle doit récolter des graines sur les populations existantes (les bosquets résistants mais aussi ceux qui ont été plantés depuis la début de la campagne de restauration), les faire germer puis s’occuper des plants qui restent à la pépinière jusqu’à leurs deux ans, âge auquel ils seront plantés dans des zones où il y avait des Phylicas avant l’incendie. Pour cela, elle doit prospecter afin de trouver des zones favorables à la plantation. Elle fait ensuite un suivi des plants pendant 5 ans après leur plantation.

L’objectif du bivouac était de faire de la récolte de graines de Phylica sur 9 populations différentes toutes assez proches les unes des autres et centrées autour du Chaudron qui est un des multiples cratères de l’île. Le Chaudron se situe à environ 2h30 de marche de la base mais comme on s’est arrêtés sur la route pour faire de la récolte sur deux populations qui étaient proches du chemin nous avons mis un peu plus de 5h à y arriver. C’était d’ailleurs plutôt agréable de faire des pauses « récolte » car nous étions quand même assez chargés. Nous avions tous les trois environ 15kg sur le dos avec la tente, les duvets, les matelas, le réchaud, la gamelle… et surtout l’eau pour 2 jours et pour les lyophilisés.

dsc_0497 Jérémy et moi en pleine récolte de graines entre scirpes et Phylicas.

dscf8386Mélanie et Jérémy récoltent.

Nous sommes arrivés en haut du Chaudron vers 12h30, nous avons mangé et nous avons laissé nos sacs à l’endroit où nous comptions bivouaquer pour pouvoir repartir faire de la récolte tout l’après-midi en étant plus légers. Et nous avons bien fait parce que les plantations de Phylica n’étaient pas faciles d’accès à cause de la végétation. D’un côté il y a les Gléchénias, des fougères très fragiles sur lesquelles il faut éviter à tout prix de marcher, et de l’autre côté il y a les scirpes et les joncs sur lesquels on peut marcher mais ce n’est pas l’idéal car on s’y enfonce ou on glisse dessus fréquemment. On a donc passé l’après-midi à parcourir à peine quelques kilomètres et à récolter des graines là où on pouvait accéder aux Phylicas. Mais il faisait un temps magnifique et récolter est une activité plutôt reposante et apaisante.

dscf8371(1)Pause déjeuner face aux forêts de Phylicas (ce sont les tâches vertes foncé) avant de commencer la récolte.

A la fin de l’après-midi, nous sommes remontés au haut du Chaudron et nous avons décidé de ne pas monter la tente pour dormir à la belle étoile. Le ciel était très clair et il n’y avait pas de vent du tout. On a alors installé nos trois matelas sur une bâche avant de prendre l’apéro face à la mer. Un saucisson, une terrine de saumon aux baies roses avec du pain et une bouteille de vin avec une vue magnifique baignée des couleurs du soir, il ne nous en fallait pas plus pour nous sentir bien et passer une très bonne soirée.

dsc_05402Fin de la journée de récolte, petite pause avant de remonter au sommet du Chaudron.

dscf8401Le campement est installé, il ne reste plus qu’à faire chauffer l’eau pour les lyophilisés.

Le lendemain matin, nous sommes repartis de bonne heure pour récolter encore des graines sur les dernières plantations où nous n’avions pas eu le temps d’aller la veille. Puis nous avons commencé à rentrer tranquillement après une pause goûter et une mini sieste à l’endroit où nous avions laissé nos sacs le matin. Sur le chemin du retour, nous avons tenté de faire de la prospection. Je dis bien tenter car les zones sur lesquelles nous devions prospecter étaient pratiquement toutes inaccessibles à cause des gléchénias et des scirpes. Et les seules zones où nous avons pu aller n’étaient pas vraiment favorables à une plantation car le sol n’était pas tourbeux et la plupart du temps il n’y avait pas 30 cm de sol. C’est-à-dire 30 cm de matière organique entre la surface et la roche.

Nous avons ensuite pique-niqué entre deux prospections infructueuses, fait une énième sieste dans les scirpes et puis nous sommes rentrés tranquillement pour arriver à la base aux alentours de 15h30.

dscf8411Pique-nique du retour, la Bretagne me suit toujours.

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